Divination par l’examen des effets de l'éternuement.
On a beaucoup écrit, chez les anciens surtout, sur les causes, les phénomènes et les effets de l’éternuement, ainsi que sur l’origine de l’usage où l’on est de formuler des souhaits pour la personne qui éternue, ou tout au moins de la saluer.
Suivant Aristote, c'est au cerveau, siège de l’esprit, que s’adresse le salut. Jadis, selon d’autres, l'éternuement était un présage de la mort; mais Jacob ayant demandé à Dieu de changer cet état de choses, il obtint que l’éternuement resterait sans effet funeste pour ceux qui auraient la bénédiction du Seigneur; de là le traditionnel : Dieu vous bénisse !
L’explication la plus plausible est celle qui fait remonter cet usage à l’époque d'une épidémie qui régnait en Italie sous le pontificat de saint Georges le Grand et se manifestait par des éternuements : Tous ceux qui éternuaient étant regardés comme menacés de la peste, on prit l’habitude de les recommander à Dieu.
Dans l'antiquité, l’éternuement était considéré, suivant les circonstances, comme un bon ou comme un mauvais présage; de midi à minuit et entendu à droite, il était favorable; en un autre temps et entendu à gauche, désastreux; son influence variait aussi selon les signes du zodiaque.
Chez certains peuples, l’éternuement du souverain était un fait considérable. Au Monomotapa, lorsque l’empereur éternuait, tous les sujets de ses États en étaient aussitôt avertis par des signaux spéciaux, et ils devaient manifester la part qu'ils prenaient à cet événement par de bruyantes acclamations.
Les courtisans du roi de Sennaar saluaient l’éternuement de leur maître en lui tournant le dos et en se donnant chacun une claque sur la fesse droite.
Il est bien entendu que l’éternuement a cessé de passer pour un fait anormal et pour un signe du destin, depuis que l'usage de la poudre sternutatoire du tabac l’a si singulièrement multiplier.
Tiré de 'L'art de tirer les cartes' par Antonio Magus, 1875.
