Divination par les signes ou les figures qui se voient dans les œufs.
Suivant Suidas, Orphée aurait composé un livre sur cette pratique divinatoire. On lit dans Cicéron qu’un homme ayant rêvé qu’il mangeait un œuf frais, alla consulter un devin sur la signification de ce songe. Celui-ci lui annonça que le blanc de l’œuf présageait de l'argent, et que le jaune promettait de l’or. Le rêveur recueillit en effet une succession dans laquelle il y avait de l’or et de l'argent. Il alla conter son bonheur au devin et lui donna une pièce d’argent. C'est bien pour le blanc, lui dit celui-ci, mais pour le jaune, vous ne me donnez rien ?
Les anciens attribuaient aux œufs une grande importance magique, particulièrement les romains. Julie, fille d'Auguste, étant enceinte, désirait vivement avoir un fils. Pour savoir à l’avance quel serait le sexe de son enfant, elle prit un œuf et le couva pour ainsi dire, en le tenant constamment à la chaleur de sa poitrine. Si elle était parfois obligée de s'en séparer, elle le faisait garder sur le sein d’une nourrice. Pline ajoute que l'augure fut favorable : de son œuf sortit un coq, et, en effet, elle accoucha d’un fils. Ce fils fut Tibère.
Le grand Grimoire d’Agrippa donne une recette pour deviner l'avenir en cassant un œuf tout frais d’une poule noire, en en tirant le germe, qu’on met dans un grand verre d'eau claire, en remuant avec le doigt, en disant des conjurations qui font se produire dans l’eau certaines figures représentant les signes de l'avenir.
C’est de procédés analogues que se servaient récemment mademoiselle Lenormand, madame Clément et les autres devineresses, chez qui l’on voyait l'indispensable poule noire. Il en est qui jettent le blanc de l’œuf dans l’eau bouillante et l'étalent ensuite à demi coagulé sur une assiette pour lire dans les figures dessinées comme dans le mare de café.
Tiré de 'L'art de tirer les cartes' par Antonio Magus, 1875.