Divination qui s’opérait à l’aide de cristaux enchantés sur lesquels les devins prétendaient voir se refléter les événements futurs.
On dit que le roi Childéric lisait l'avenir dans les prismes d’un globe de cristal. On a aussi donné le nom de cristallomancie à des divinations par le miroir, qui sont du domaine de la catoptromancie : Témoin de cette anecdote de paysan champenois, qui ne remonte pas plus haut que 1807. Il s’avisa d’aller demander à un sorcier de Sézanne de lui faire retrouver de l'argent qu’on lui avait volé. Celui-ci commença par se faire octroyer douze francs, après quoi il lui banda les yeux avec trois mouchoirs et lui dit de regarder dans un miroir magique où il allait faire venir le diable et le voleur.
- Eh bien ! lui dit-il, qu’est-ce que vous voyez ?
- Rien du tout, répondit le volé.
- Parfait, dit le devin.
Puis il se mit à débiter un tas de sornettes entremêlées de latin maraconique, comme Sganarelle dans le Médecin malgré lui, et conclut en enjoignant à son client de bien songer à l’homme qu’il devait soupçonner du vol, et de faire en sorte de se représenter les choses telles qu’elles avaient dû se passer au moment de l’action. Il l’impressionna si bien qu’il lui fit passer par la tête une hallucination, et que celui-ci, en regardant derechef, déclara qu’il voyait passer un homme coiffé d’un grand chapeau et vêtu d’un sarrau bleu; enfin il crut reconnaître son voleur. Alors le sorcier lui ordonna de préparer une abominable mixture composée d’un cœur de bœuf piqué de soixante-trois clous à latte fichés en forme de croix, d’un crapaud et d’une feuille d’oseille, et de faire bouillir le tout dans un pot neuf, lui assurant que, trois jours après, le voleur viendrait lui rapporter son argent, à moins qu’il ne fut ensorcelé. Le villageois ayant exécuté ponctuellement toutes les prescriptions, et n’ayant pas vu venir le voleur, en conclut logiquement qu’il était ensorcelé.
Tiré de 'L'art de tirer les cartes' par Antonio Magus, 1875.