Divination qui se faisait par le tirage au sort de lots, de dés, ou autres objets.
Ce système de divination changeait de nom suivant l’espèce des objets employés à le pratiquer : fèves blanches ou noires, petits morceaux de terre durcis, cailloux, dés ou osselets : pséphomancie, cubomancie, astragalomancie, pessomancie, etc... Toutefois, si l’on se servait d’osselets, il fallait, s’il faut en croire Delancre, que ces osselets fussent tirés d’animaux tués pour des sacrifices religieux.
On jetait les lots pèle-mêle dans une urne, et, après des prières aux dieux, on les tirait, et, suivant l’ordre de sortie et le caractère de chaque lot, on déduisait des présages pour l'avenir.
Chez les Grecs, tous les lots étaient consacrés à Mercure, qui présidait à ce genre de divination : Aussi les Grecs, pour obtenir une bonne chance, plaçaient-ils parmi les lots le lot de Mercure, ordinairement une feuille d’olivier; on avait soin de tirer ce lot le premier.
Quelquefois les lots n’étaient point jetés dans des vases, mais sur des tables spécialement consacrées à cet usage. On raconte qu’à Bura, en Achaïe,il y avait un oracle d’Hercule qui se rendait au moyen de dés jetés sur un tablier. Le consultant, après avoir prié, jetait quatre dés; le prêtre du dieu étudiait la position de ces dés et en déduisait sa prédiction. Les Grecs attribuaient l’invention de ce système divinatoire aux Thriae, trois nymphes élevées par Apollon.
Il y avait encore en Grèce un autre mode de cléromancie. Celui qui voulait interroger le destin s’approvisionnait d’un certain nombre de lots distingués par un caractère particulier ou par des inscriptions; il allait se promener sur un chemin fréquenté et invitait le premier enfant qu’il rencontrait à choisir un de ces lots. Si l’objet choisi par l’enfant était le mème auquel il avait lui-même pensé, il en concluait que la signification de ce lot donnait une prédiction infaillible.
Souvent, sur les places publiques, dans les marchés, un enfant ou un homme portait devant lui un petit tableau sur lequel étaient inscrits des vers fatidiques : on agitait un dé, on le jetait sur le tableau, et le vers sur lequel il tombait était considéré comme l’arrêt du destin. Quelquefois, au lieu de tableaux, c’étaient des urnes qu’on promenait, et desquelles un enfant extrayait pour chaque consultant les vers fatidiques.
De nos jours, on voit encore dans les foires, dans les marchés , des vendeurs de bonne aventure qui étalent des noix dorées dans lesquelles se trouve un petit papier indiquant la destinée de l’acheteur. Dans les villages, on donne aux jeunes filles, pour un sou, leur bonne aventure imprimée, par-dessus le marché, en leur vendant des aiguilles, des passe-lacets ou des cure-dents. Il y a quarante ans, chaque décret du destin était suivi de la liste des numéros qui devaient gagner à la loterie. C'est la de la cléromancie élémentaire.
Tiré de 'L'art de tirer les cartes' par Antonio Magus, 1875.