Art de préjuger le tempérament, les inclinations et la destinée des êtres humains par l’inspection de la main.
Les principaux auteurs qui ont écrit sur cette science divinatoire sont Artémidon, fludd, Johannes de Indagine, Taisneven, Cureau de la Chambre et tout récemment Desbarolles.
Suivant Cureau de la Chambre, les linéaments que forment les plis de la peau fournissent des indices probables sur les inclinations des hommes en raison des rapports qui existent entre les diverses parties de la main et les organes internes de l’homme, tels que le foie, le cœur, etc... organes desquels dépendent le plus souvent, dit-il, les caractères et les inclinations des individus.
Le jesuite Delrio distinguait deux sortes de chiromancie : L’une physique, l'autre astrologique; il pensait que la première était permise, parce qu’elle se borne, selon lui, à connaître par les lignes de la main le tempérament du corps, et que du tempérament elle infère par conjecture les inclinations de l’âme, ce qui n’a rien que de fort naturel. Quant à la seconde, il la condamnait comme vaine, illicite et indigne du nom de science, en raison du rapport qu’elle prétend établir entre telles et telles lignes de la main et telles ou telles planètes, et de l’influence de ces mêmes planètes sur les événements moraux et le caractère des hommes.
Delrio regardait encore comme une espèce de chiromancie la pratique qui consiste à examiner les taches blanches ou noires qui se trouvent semées sur les ongles, et desquelles on prétend tirer des présages de santé ou de maladie, ce qu’il ne désapprouvait pas absolument; mais il traitait cette pratique de superstitieuse dés qu’on s’en servait pour prédire des événements futurs qui dépendent de la volonté et du libre arbitre de l’homme.
Ces subtilités ne rappellent-elles pas le fameux Distinguo du Malade imaginaire ?
La chiromancie, tant physique qu’astrologique, a été fort pratiquée chez tous les peuples depuis les temps les plus reculés. Aristote la regardait comme une science certaine. Les Chaldéens, les Égyptiens en faisaient grand cas. Au moyen âge, la sorcellerie reposait, pour une notable partie, sur la chiromancie : toutes les sorcières, toutes les fées, toutes les bohémiennes, disaient la bonne aventure en examinant le creux de la main. En ce qui concerne l’état présent et la pratique actuelle de cette science jusqu’à un certain point physiologique, nous ne saurions mieux faire que de renvoyer le lecteur au livre excellent et si complet de Desbarolles, les Mystères de la main.
Tiré de 'L'art de tirer les cartes' par Antonio Magus, 1875.